ベルギーのヴァイオリニスト、ウジェーヌ・イザイは1858年に生まれた。当時ベルギーという国は、建国わずか28年であった。彼の生まれた町リエージュは、マース川に面した水運都市で、オランダやドイツとは数十kmしか離れていない。フランス語圏最北のこの町は、ウィーン会議の際、戦勝国から求められた「緩衝地帯」の象徴であった。僅かな間ネーデルラント連合王国の一部であったベルギーは、1830年に革命を経て独立を宣言する。イザイの芸術家としての絶頂期、ベルギーは世界第3位の経済大国となった。
イザイがリエージュで受けた教育は、後にパリで受けるものとは大きく異なっていた。そこでは、ゲルマン文化世界がラテン世界と平和裡に共存し、オペラの支配はより少なく、管弦楽や室内楽が多く演奏されていた。青年イザイはそのメッセージを完璧に具現する。ヴィエニャフスキやヴュータンの教えをしっかり吸収した後、彼はベルリン(後のベルリンフィルとなる楽団で活動した)と、当時の芸術の都パリで過ごす。1886年、母国の首都ブリュッセルの王立音楽院の教授に任命されると、たちまちブリュッセルの音楽界の第一人者となり、2つの芸術家団体「20人会」と「自由美学」の伝説的な演奏会に参加する。これらは、当時のヨーロッパ現代音楽の主要な坩堝であった。
その間イザイは、アントン・ルービンシュタイン、グリーグ、ヨハン・スヴェンセン、サン=サーンス、フォーレと出会い、ショーソンからドビュッシーまでフランス音楽の若き天才達と親交を持った。そして、1890年代のヨーロッパとアメリカにおいて最も有名なヴァイオリニストとなったが(そのため、ベルギーにいることは稀であった)、彼の演奏家としてのキャリアは、恐らく何よりもまず、これらの作曲家との交流に拠るところが大きい。彼は常に彼らに新作を委嘱し、それはソナタから弦楽四重奏曲にまで及んだ。当時これほど多くの初演を行った演奏家はいないだろう。ほんの一例として、フランク、サン=サーンス、フォーレ、ダンディ、ショーソン、ドビュッシー、ルクー、マニャールなどの作品が、彼の演奏会で聴衆に発表された。イザイとソナタの共演が許された特権的なピアニストとしては、ラウル・プーニョやブゾーニ、そして晩年にはイヴ・ナット、クララ・ハスキルがいる。
ウジェーヌ・イザイはまた、ソナタのみで構成されるリサイタルの型を作り、近代フランス楽派を貫きながらも、ゲルマン文化への愛着を、バッハ、ベートーヴェン、ブラームスなどのソナタで表した。普仏戦争(1870年)から第1次大戦(1914-18年)までという、世界が再編されていく間、パリでも、ロンドンやウィーンやニューヨークでもそれができたのは、恐らく、彼がベルギー人だったからである。今日では余り知られていない当時の作曲家、テオドール・デュボワ、ギィ・ロパルツ、ジョゼフ・ジョンゲン、アンリ・フェヴリエ、ピエール・ド・ブレヴィル、エイミー・ビーチらにとって、彼の演奏会に作品が採り上げられることは、不滅の保証を獲得することであった。
作曲家イザイの作品は、長い間、音楽学において「世界の寄せ集め」と見做されてきたが、実際「世界を寄せ集める」ことに成功したといえる。彼が若いヴィルチュオーズ達にもたらした称賛は、各々の固有の特徴に対する称賛という、同じ大らかな精神を表している。彼が6人の友人へのオマージュとして作曲した6曲の無伴奏ヴァイオリンのためのソナタには、それぞれシゲティとハンガリー、ティボーとフランス、エネスコとルーマニア、クライスラーとオーストリア、クリックボームとベルギー、キロガとスペインというように、各曲に国、精神、性格が認められる。イザイは、弟子のマチュー・クリックボームとジョーゼフ・ギンゴールドに代表される2つの世代に影響を与え、エリザベート王妃コンクール(旧イザイコンクール)の精神にその名を刻んだ。が、これらのこと以上に、彼の開放的な精神は、当時恐らく、一人の寛大な芸術家が後継者達に残すことのできた、最も美しいメッセージなのである。今日このメッセージは、以前よりずっと良く理解されている。だからこそ、この6曲のソナタは、芸術的、技術的な美点を超え、現在のヴァイオリニストの重要なレパートリーとなっているのだ。そして彼らは、近代的で厳しくも思い遣りのある、自身の最善を尽くすよう励ましてくれる友を、この作曲家の中に見出だすのである。
-イザイの遺産- 作曲家や演奏家たちとの交流を通して
ミッシェル・ストッケム著 和訳:十川菜穂
L’héritage d’Ysaÿe, entre compositeurs et interprètes
Eugène Ysaÿe, violoniste belge, est né en 1858. Son pays, la Belgique, n’existe que depuis 28 ans seulement quand il naît à Liège, ville portuaire sur le fleuve Meuse, à quelques kilomètre seulement des Pays-Bas et, surtout, de l’Allemagne. À l’extrême nord de la francophonie, Liège est symbolique de cette « zone-tampon » voulue par les grandes nations victorieuses au Congrès de Vienne. Un temps rassemblée en un grand royaume des « Pays-Bas », la Belgique prend son destin en mains par une révolution en 1830. Quand Ysaÿe sera à son apogée comme artiste, son petit pays est la 3e puissance économique mondiale.
L’enseignement qu’Ysaÿe reçoit à Liège est fort différent de celui qu’il aurait reçu à Paris : le monde culturel germanique y côtoie pacifiquement le monde latin, et la domination de l’opéra y est bien moins totale. On y fait beaucoup de musique symphonique et de musique de chambre. Jeune adulte, Ysaÿe incarne parfaitement le message : après avoir recueilli pour se perfectionner l’enseignement de Wieniawski et de Vieuxtemps, il passe son temps entre Berlin (dans ce qui deviendra l’Orchestre Philharmonique de Berlin) et Paris, la capitale artistique majeure de l’époque, avant de s’imposer dans « sa » capitale, Bruxelles. Il y devient une figure centrale dès 1886, date de sa nomination au Conservatoire, et participe de près aux mythiques concerts du « Cercle des XX » et de « La Libre Esthétique », deux des principaux creusets de la musique contemporaine en Europe.
Entre-temps, Eugène Ysaÿe a rencontré Anton Rubinstein, Edvard Grieg, Johan Svendsen, Camille Saint-Saëns, Gabriel Fauré, s’est lié avec tous les jeunes talents de la musique française, d’Ernest Chausson à Claude Debussy. Et, même s’il devient, dans la dernière décennie du XIXe siècle, le plus célèbre violoniste de l’époque en Europe et aux États-Unis (et de par là-même, moins disponible), sa carrière sera d’abord et sans doute avant tout, marquée par ces contacts avec des compositeurs. Il les encourage sans cesse à lui écrire de nouvelles œuvres, aussi bien sonates que quatuors à cordes. Aucun de ses contemporains ne collectionnera autant de « premières » importantes : Franck, Saint-Saëns, Fauré, d’Indy, Chausson, Debussy, Lekeu, Magnard ne sont que quelques-uns des compositeurs qu’il aura portés vers le public des grands concerts. Ses partenaires privilégiés dans le domaine de la sonate seront des géants : Raoul Pugno et Ferruccio Busoni, sans compter, à la fin de sa carrière, Yves Nat et Clara Haskil.
Eugène Ysaÿe aura également un modèle de récitals, uniquement composés de sonates, dans lequel il pourra célébrer, de Bach à Brahms en passant par Beethoven, son attachement à la culture germanique tout en soutenant l’école française moderne. Cela, sans doute, seul un Belge pouvait le faire, tant à Paris qu’à Londres, Vienne ou New York, entre la guerre de 1870 et celle de 1914-18 qui allait remodeler le monde. Pour les compositeurs de ce temps moins connus aujourd’hui, comme Théodore Dubois, Guy Ropartz, Joseph Jongen, Henry Février, Pierre de Bréville ou Amy Beach, être incorporés dans ces séries était acquérir un brevet d’immortalité.
Dans son œuvre de compositeur, longtemps considérée avec dédain par la musicologie, Ysaÿe parvint tout aussi bien à « rassembler les mondes ». Les admirations qu’il porte à la nouvelle génération de virtuoses font preuve du même esprit large, admiratif des caractéristiques propres à chacun : il écrit ses six sonates pour violon seul en hommage à six amis, et on y trouve autant de nations, d’esprits, de caractères : Szigeti et la Hongrie, Thibaud et la France, Enesco et la Roumanie, Kreisler et l’Autriche, Crickboom et la Belgique, Quiroga et l’Espagne. Cet esprit d’ouverture est sans doute, à l’époque, le plus beau message qu’un artiste généreux ait pu laisser à ses successeurs, au-delà de l’influence qu’il a pu avoir sur deux générations d’élèves, de Mathieu Crickboom à Joseph Gingold, ou du Concours Reine Elisabeth, dont l’esprit et la formule portent sa marque. Ce message est beaucoup mieux compris aujourd’hui qu’il ne l’était hier. C’est sans doute pourquoi notre époque a fait de ces six sonates une pierre angulaire du répertoire des violonistes : au-delà de qualités artistiques et techniques exceptionnelles de ces pages, ils découvrent en leur auteur un ami, un pair moderne, exigeant et bienveillant, les encourageant à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Michel Stockhem